Hello tout le monde ! Aujourd'hui, on se retrouve pour parler des descriptions dans un roman. Cet aspect semble parfois nébuleux dans le processus d'écriture d'une histoire, pourtant ils a énormément d'importance. On se demande souvent « Est-ce que je décris assez les choses ? Ou bien est-ce que je donne trop de détails ? », etc... Si vous avez d'autres questions, vous pouvez les noter dans l'espace commentaire. On ne le dit jamais assez mais l'une des clés dans l'écriture, c'est de ne jamais cesser de se questionner. La description : D'après le dictionnaire de l'internaute, voici la définition du mot « description » : Présentation de lieux, choses, personnages ou événements dans un récit. Développement littéraire. D'un point de vue formel, la description freine le récit, ce qui en fait à la fois un avantage et un inconvénient. Quand vous désirez plonger votre lecteur dans votre univers, vous devez alors doser vos décors, vos personnages, vos événements, etc. Insérer une description dans un texte, c'est provoquer une rupture dans l'action, dans l'émotion ou dans un dialogue. Elle permet à vos lecteurs de souffler après une énorme révélation, par exemple. Voilà pourquoi la question du dosage de la densité et de la longueur d'une description est primordiale : mal réalisée, elle risque de lasser le lecteur. 1 – Comment doser une description ? Tout d'abord, comme dans toute pratique de ce genre, il faut s'entraîner (encore et encore !). Mais aussi se recentrer, réfléchir au style que l'on a et celui que l'on voudrait exploiter. Selon le style de l'auteur et le genre de l'histoire, les descriptions varient. Si vous souhaitez accentuer le réalisme du roman, vous pouvez mettre beaucoup plus de descriptions. Dans une romance, un thriller, un drame ou encore un policier, il n'y aura pas les mêmes que dans un roman de fantastique, fantasy ou science-fiction ; c'est un fait. Selon moi, lors du premier jet, il est difficile (voire quasi impossible) de doser parfaitement une description. Au moment d'écrire une scène, on se sent tellement plongé dedans qu'on finit par tomber dans l'excès sans s'en rendre compte. On met des détails futiles, on allonge nos descriptions, on se dit qu'il n'y a que comme ça que le lecteur verra ce qui se passe dans notre tête. J'ai fait très longtemps cette erreur ! En réalité, chaque lecture de votre livre est subjective. Peu importe la densité et la longueur de vos descriptions, personne n'imaginera ce qui s'est déroulé dans votre tête lors de la rédaction de l'histoire. Chacun aura sa propre vision, ses propres ressentis, etc. Même si vous êtes perfectionniste comme moi, surcharger d'informations et de descriptions peut vous nuire. Conseil : Quand vous entrez dans la phase relecture, identifiez les descriptions, décortiquez-les et questionnez-vous sur la pertinence de celles-ci, leur densité et leur longueur. Si vous estimez que vous, en tant que lecteur, vous aurez oublié cette information cent pages plus loin, c'est qu'elle ne mérite pas d'être posée. Et si elle est importante, pensez à faire un rappel subtil cinquante à cent pages plus loin, au cas où vos lecteurs n'y penseraient plus. Demandez-vous aussi si votre scène descriptive apporte véritablement des informations utiles ou non. Parfois, on a tendance à s'étaler et on se rend compte avec du recul qu'il n'y a aucune description, alors que le passage servait à cela initialement... Le comble ! 2 – Comment produire une bonne description ? ◘ Structurez la description comme une transition entre deux actions plutôt que comme une rupture dans le texte. Pour ce faire, il est toujours plus simple d'élaborer un plan sous forme de schéma ou de mindmap du chapitre à écrire avec les éléments à mettre en avant lors de la rédaction. Ainsi, lorsque vous écrirez, vous apporterez des informations utiles à l'avancée de l'histoire sans omettre la moindre description. Par exemple, quand vous introduisez un personnage pour la première fois, décrivez ce que l'on pourrait apercevoir de lui au premier coup d'œil. Plus tard, quand ce personnage intervient dans l'une ou l'autre scène, accentuez sa description par sa gestuelle, son non-verbal et aussi quelques indices sur le physique. Quelques exemples : Il posa son regard lapis-lazuli sur elle / Son visage rond se referma / Les silhouettes encapuchonnées se détournèrent /... ◘ Basez-vous sur les cinq sens : l'odorat, le toucher, l'ouïe, le goût et la vue. Pour créer une ambiance et une atmosphère propre à votre récit, aucun de ces cinq sens ne doit être négligé. Peu importe qu'ils soient agréables ou désagréables, attardez-vous sur les couleurs, les sons, les lumières, les voix, les odeurs, les saveurs, les ombres,... En bref, tout ce qui englobe votre personnage. Pour vous entraîner, faites-le de temps en temps dans votre vie de tous les jours ! Quand vous vous réveillez le matin : Quelle odeur vous chatouille le nez ? Quelle pensée traverse votre esprit ? Quelle est la première couleur que vous percevez ? Quel est le premier son que vous entendez ? Est-il aigu ou grave ? Est-il supportable ou insupportable ? Quel effet produit-il sur vous ? Quand vous prenez votre bain, vous entendez le son du jet d'eau qui s'éclate sur la baignoire, puis dans le reste du liquide, vous sentez une odeur de lavande ou de vanille ou encore de sandalwood si vous avez décidé de poser une bougie avec cette odeur, vous vous sentez immergé d'eau, mouillé, et vous ne goûtez peut-être rien lors d'un moment de détente de ce style, mais vous pouvez dire sans difficulté que vous éprouvez de l'aise, de la détente. C'est calme, reposant, un mélange de senteurs sucrés et de buée chaleureuse. Quand vous écrivez, c'est pareil. Si vous souhaitez faire ressentir une émotion à votre lectorat, ressentez-la avant tout avec force, conviction et passion. Ressortez toute cette énergie dans l'écriture en l'imprégnant des cinq sens et des pensées de vos personnages. Toutefois, si tous les cinq sens n'entrent pas dans une seule description, ce n'est pas grave : certaines scènes ne s'y prêtent tout simplement pas. Dans ces cas-là, ne forcez pas ; restez naturel avant tout. 3 – Décrire un lieu Pour une bonne description de lieu sans tomber dans la coupure nette de l'histoire, faites en sorte que votre description soit liée au personnage que l'on suit : à ses mouvements, à ses actions et à ses pensées... Le but, c'est de faire savoir à votre lectorat ce que votre personnage voit, entend, ressent en découvrant un endroit. Voici quelques idées de questions à se poser : Comment se découpe la ville/le village ? Où se trouve son "coeur" ? (lien avec les organes vitaux) / Quelle est la saison en cours dans votre histoire, quel temps fait-il ? Pluie ? Soleil ? Tempêtes ? Fortes bourrasques de vent ou brise légère ? Neige et verglas ? Odeur d'eau salée en rapport à la mer ? Quand dans la journée : matin, midi, soir, soirée, très tôt à l'aube, etc ? Quels types de personnes s'y trouvent ? Tous ces éléments créent une ambiance, placent une atmosphère. Si votre personnage entre dans une taverne mal fréquentée, vous n'y trouverez pas le même type de décor et de personnes que dans un bar luxueux, encore moins les mêmes boissons à la carte. Rendez vos lieux singuliers, uniques, et faites-les ressortir du récit pour que votre lecteur aient la sensation de s'y trouver avec le(s) personnage(s). Si vous désirez décrire un lieu réaliste, la meilleure méthode est de s'y rendre et prendre des notes. Bien entendu, ce n'est pas toujours possible, d'où l'utilité de faire énormément de recherches en amont si vous êtes dans l'incapacité d'y aller. Par exemple, dans mon roman La Chasse aux Cristaux, tome 1 : L'anneau du naufragé, le chapitre 1 se déroule entièrement à Londres et met en scène un cambriolage dans une bijouterie existante. Quand j'étais sur place, j'ai pris quelques notes, j'ai analysé les rues, retenu certains ressentis que j'ai eus sur le moment pour les retranscrire à l'écrit. En revanche, pour mon roman de science-fiction Jazz Dream and a Pinch of Human, je n'ai pas pu aller en Nouvelle-Orléans. Pour cette histoire, j'ai fait énormément de recherches sur Google (et Google Maps), j'ai observé les plans des rues, j'ai questionné un ami qui s'y était rendu pour avoir ses impressions, ses ressentis... Lorsqu'Owen traverse le parc à vélo, au début de l'histoire, j'ai tenté de placer des noms de plantes spécifiques à la Nouvelle-Orléans pour que le lecteur se sente imprégné de ce lieu-là et pas un autre (un grand merci à L-A Braun pour son aide à ce niveau-là, d'ailleurs !). Pour la description de lieux imaginaires, le conseil ne change pas : rendez-vous sur de vrais lieux, prenez des notes, inscrivez vos ressentis. Lorsque vous écrirez, vous les rendrez réalistes même en les modifiant pour en faire des endroits fictifs. Par exemple, pour créer Mechanikai dans l'univers de La Chasse aux Cristaux, je me suis inspirée de Mecagone du jeu World of Warcraft (encore merci Hélène pour la référence !) sans pour autant copier. J'y ai inséré mes propres lieux, à mi-chemin entre la magie et la science, en me servant de références imagées de lieux existants (ou non). N'hésitez pas à enregistrer quelques photos sur les banques d'images libres de droit et entraînez-vous à les décrire, poser des mots sur ces images et peut-être que cela vous plaira au point de l'intégrer à votre histoire. 4 – Décrire un personnage On se demande souvent : est-ce vraiment utile de décrire un personnage de A à Z ? Bien entendu, il faut savoir doser (comme dans toute description) selon certains critères. En ce qui concerne les personnages, il est toujours mieux de privilégier les personnages principaux, les personnages importants et les personnages dont le physique joue un rôle important. Pour les autres (personnages secondaires, récurrents et pas importants), restez minimalistes ! La description d'un personnage sert à donner un repère visuel au lecteur, une identification (par exemples, les femmes brunes s'identifieront plus vite à une héroïne brune, etc), une différenciation par rapport aux autres protagonistes/antagonistes et une caractérisation. Toutefois, il ne faut pas pour autant en abuser sous peine de lasser le lecteur. Voici une liste non-exhaustive pour vous aider dans vos descriptions de personnages : — Son physique — Ses traits de caractère — Sa gestuelle, son non-verbal, sa façon d'être — Sa manière de s'exprimer — Ses qualités — Ses défauts — Ses plus grandes peurs — Son objectif et les moyens qu'il met pour y parvenir — Ses relations aux autres — La perception des autres par rapport à lui — Son plus gros problème interne qui l'empêche d'avancer, sa prise de conscience, ce qu'il met en place pour passer outre son blocage, ses échecs, ses réussites, sa transformation à la fin par rapport au début (voir l'article Se renseigner sur l'écriture scénaristique (scripts, répliques et scénarios) relative au domaine du cinéma ne peut qu'aider à construire davantage de bons personnages. 5 – Décrire un événement La description d'un événement se découpe en trois parties : le début, la suite des actions et la fin. Ni plus, ni moins. Pourtant, c'est tellement compliqué de décrire un bon événement ! En pleine écriture, il nous arrive de couper ces trois parties par une rupture descriptive inutile, d'ajouter un épanchement qui n'a rien à faire là ou, encore, de mélanger le début, la suite des actions et la fin, ce qui rend la scène beaucoup trop brouillon. Pour présenter un événement dans une histoire, voici l'ordre des questions à se poser afin de préparer un plan. Imaginons que vous souhaitez décrire une fête ou un bal : Le début : — Identifiez l'événement : Quoi ? — Situez le cadre spatio-temporel et le(s) personnage(s) concernés : Quand ? Où ? Qui ? La suite des actions : — Racontez l'événement : Que s'y passe-t-il ? — Placez des dialogues : Que racontent-ils ? Qu'apportent-ils au récit ? — Nouez ou exploitez les liens entre vos personnages principaux, secondaires et récurrents — Apportez des informations utiles à l'histoire (votre événement ne doit pas couper l'histoire mais la faire avancer, servir de transition) La fin : — Quelles réactions suscitent un tel événement ? — À quoi a-t-il servi dans l'histoire ? — Comment se termine-t-il ? — Quels sont les personnages lésés par cet événement et pourquoi ? — Quels sont les personnages avantagés par cet événement et pourquoi ? Exemple : Dans le premier tome de La Chasse aux Cristaux, il y a un bal dans une famille noble. On finit par suivre cet événement du point de vue de la fille de cette famille qui n'est pas à l'aise avec les conventions sociales et qui est touchée d'un handicap qui lui pourrit beaucoup la vie, justement en partie à cause de son manque de confiance en elle et de la vision négative que sa famille pose sur elle. Ce bal est pour son anniversaire, pourtant elle ne se sent pas à sa place et ne ressent pas l'envie de s'éterniser. Pour défier ses parents, elle va effectuer une danse qui n'est pas propice à ce type de festivité et avoir une discussion à cœur ouvert avec sa mère qui ne la comprend pas. La fin de cet événement sonne pour elle le glas de ce qu'elle savait déjà : elle est incomprise et détonne avec sa famille. Du coup, on peut considérer que ce bal participe au déclic qu'elle a plus tard dans l'histoire. 6 – Décrire une émotion L'émotion est un sujet vaste... Un peu comme tous ceux dont je vous ai parlé jusqu'à présent. Il est difficile de condenser et résumer tout ce qu'il y a dire dans un seul article. Toutefois, rappelez-vous qu'une bonne description d'émotion passe principalement par le principe du show, don't tell. Et pour l'appliquer, rien de mieux que de passer par les micro-expressions. Une micro-expression est une manifestation physique du ressenti d'une personne. Par exemple, quand vous êtes énervé, vous froncez les sourcils, vous serrez les poings, vous devenez raides comme un piquet... Ce sont ces micro-expressions qui trahissent le véritable ressenti d'une personne, et donc d'un personnage fictif également. Dans l'écriture d'un roman, cela permet de poser un contraste entre ce que pense le personnage (non-dits) et ce qu'il ressent vraiment, d'être plus fluide dans vos descriptions (au lieu de dire que votre personnage s'énerve, montrez-le !) et de créer une ambiguïté. Si votre personnage penche la tête, il peut très bien montrer de l'incompréhension tout comme il peut faire preuve de jugement. Ce sont ces micro-expressions qui créent des sous-entendus, des quiproquos, et parfois ces situations sont à même de rendre une histoire très palpitante. Ce n'est pas pour rien que l'on considère le quiproquo comme l'un des carburants de la romance ! Selon les sources, il y a entre six et neuf émotions de base. Selon Paul Ekman, il y en aurait six, chacune contenant d'innombrables sous-émotions. En revanche, d'après le praticien EFT Guillaume Theret, il y en aurait neuf, chacune contenant également des catégories de ressentis, etc. Je vais me baser ici sur la liste principale de Theret, mais si vous souhaitez approfondir votre recherche à ce niveau-là, cliquez ici. Les neuf émotions de base selon Theret : 1. Colère 2. Jalousie / Envie 3. Honte 4. Dégoût 5. Peur 6. Tristesse 7. Surprise 8. Joie 9. Amour N'oubliez pas que les personnages sur le papier doivent être réfléchis comme de vraies personnes. Poser des mots précis sur ce qu'ils ressentent ne fera que les rendre plus réels encore. En identifiant leurs ressentis, vous identifiez en quelques sortes potentiellement les vôtres, mais aussi ceux de vos lecteurs, et ce de manière indirecte. Il n'y a que comme ça qu'on peut rendre un personnage attachant. Il y a tellement d'autres aspects à aborder... Mais l'article deviendrait interminable. Je pense qu'il est assez long comme ça, vous ne trouvez pas ? Pour conclure, retenons qu'une description est bonne à partir du moment où l'on fait preuve de dosage dans sa densité et sa profondeur. Aussi, une description ne se construit pas pareillement pour un lieu qu'un personnage, pour un événement qu'une émotion... Il est bien d'analyser le discours descriptif, de se renseigner sur l'écriture scénaristique et de faire des plans pour ne pas tomber dans le superflu inutile. Dans tous les cas, cela demande de s'entraîner, s'entraîner et encore s'entraîner, alors il ne faut pas lésiner sur les exercices d'écriture et les relectures à tête reposée. J'espère que ce billet vous a plu ! N'hésitez pas à commenter ce que vous pensez de l'article dans l'espace réservé à cet effet. Sources -- La description dans le roman — Comment décrire un lieu ? — Décrire un personnage de roman — Techniques simples pour raconter un événement — Décrire les émotions avec les micro-expressions
2 Commentaires
12/12/2020 12:46:18 am
Bonjour ^^
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6/26/2022 04:33:37 am
Hey je n'avais pas vu ce commentaire !! Je suis contente que cet article te plaise. ♥
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