Nous sommes le 2 novembre 2022, le NaNoWriMo a commencé... On entend déjà le martèlement incessant des touches de clavier par les auteur⋅ice⋅s passionné⋅e⋅s ayant décidé de participer cette année. Face à la ferveur de certaines personnes, on est en droit de se sentir dépassé⋅e, voire complètement à la ramasse lorsqu'on annonce ne pas participer au NaNoWriMo car on n'aime pas compter ses mots, que c'est une grande source d'angoisse, etc. Dans cet article, je vais d'abord vous expliquer en quelques mots ce qu'est le NaNoWriMo, en quoi il consiste, et puis je vous partagerai mon expérience autour du challenge et du comptage de mots en général. Cet article se veut nuancé et ouvert au partage. Tout ce qui est écrit – hormis les passages théoriques explicatifs sur le NaNoWriMo – relève d'une interprétation personnelle et de réflexions propres à mon vécu et mes ressentis. Le NaNo- quoi ? Le NaNoWriMo – National Novel Writing Month – est un challenge d'un mois qui revient chaque année. Il se déroule entre le 1er et le 30 novembre, à chaque fois, et l'auteur⋅ice qui choisit d'y participer a alors comme objectif d'écrire 50.000 mots. Enfin, ça, c'est sur le « papier ». NaNoWriMo pour National Novel Writing Month (en français « mois national d'écriture de roman »), est un projet d'écriture créative dans lequel chaque participant tente d'écrire un roman de 50 000 mots – soit environ 175 pages – en un seul mois. Le projet a débuté aux États-Unis en juillet 1999 avec 21 participants, se tient chaque année en novembre depuis 2000. En dépit de son nom, le projet est maintenant de portée internationale. En 2005, 59 000 personnes se sont inscrites, dont 10 000 ont atteint le but fixé. En 2017, plus de 306 000 personnes ont participé au challenge et plus de 34 000 ont atteint l'objectif des 50 000 mots. Source : Wikipédia Comment on participe ? C'est très simple : le NaNoWriMo est un challenge personnel. Vous y participez uniquement si vous avez décidé d'y participer, tout simplement. Pour ce faire, vous choisissez un (ou plusieurs) projet sur lequel travailler durant tout le mois et vous comptez vos mots. Mais ce n'est pas tout... En plus de vous challenger, le NaNoWriMo permet un questionnement autour de l'écriture créative. Si vous désirez vous inscrire sur le site officiel pour entrer votre nombre de mots, c'est simple : 1/ Cliquez ici ; 2/ Allez dans My NaNoWriMo puis Projects ; 3/ Cliquez sur Announce my project et cochez NaNoWriMo 2022. Une fois votre projet inscrit, vous pouvez noter vos mots en appuyant sur le petit + à droite de Writer's ressources. Vous pouvez choisir de noter les mots de votre session ou le total de votre projet depuis le 1er novembre. Durant tout le challenge, le site vous attribue des Writing badges, ce qui peut être motivant pour certaines personnes et déstabilisant pour d'autres. Mon rapport à l'écriture En ce qui me concerne, participer au NaNoWriMo m'a appris à :
Mais avant d'en arriver à ce stade, avant de tirer profit de tout ça... c'était un véritable calvaire. Je me forçais à écrire coûte que coûte, je me comparais h24 aux autres, je me sentais nulle quand je n'écrivais pas, voir les avancées des autres me provoquait presque des nausées... J'ai abandonné chaque NaNoWriMo depuis que je participe à ce challenge. Hormis mes challenges personnels (où j'ai déjà atteint 25k de mots en un mois), je n'ai jamais atteint 50k de mots en 30 jours. Jamais. Compter ses mots... une fausse bonne idée ? Pendant toute une période de ma vie, je ne vivais que par le comptage de mots. J'avais même réalisé un tableau Excel moi-même pour me faire des challenges personnels lorsqu'il n'y avait pas le NaNoWriMo. À cette époque, le site officiel ne permettait pas d'entrer des projets en-dehors des mois de novembre (NaNoWriMo), avril et juillet (les camps NaNoWriMo consistant à choisir son propre objectif du mois et à l'atteindre). Pour ne rien vous cacher, ça me stimulait. J'avais toujours envie de faire plus que la veille, de faire mieux que les autres. Je me comparais à moi-même mais aussi à mes compatriotes d'écriture. Je ne m'en rendais pas compte mais ça me détruisait. Si je n'écrivais que 100 mots, car manque d'inspiration ou blocage, je m'en voulais. Je me faisais même culpabiliser. J'ai longtemps cru que j'étais anormale, moins passionnée que les autres, parce que... je suis incapable d'être régulière. Pour moi, l'écriture se vit, se ressent, mais je ne prends pas toujours assez le temps. D'un côté, ce type de challenge me motivait (et j'avançais de ouf grâce à ça !). D'un autre côté, ça me détruisait parce que je n'avais pas le recul, je me comparais h24 aux autres et je manquais d'estime de moi. Alors, un jour, j'en ai eu marre. J'ai arrêté de compter mes mots, j'ai arrêté de lire ceux qui comptaient leurs mots sur les réseaux sociaux. J'ai même arrêté d'écrire, et ça a duré des mois. Cet arrêt de l'écriture m'a semblé long, je me suis même sentie déconnectée du milieu de l'édition. Je me suis dit que peut-être je me trompais de voie, peut-être que ce n'était pas fait pour moi. Je fuyais un peu ce monde-là. C'était une période sereine, bien que mouvementée sur le plan personnel, mais... je ressentais un énorme manque. J'ai attendu patiemment. Quand l'envie d'écrire revenait, j'écrivais et je ne comptais plus. Je me suis tenue loin des chiffres, loin de la pression et, surtout, j'ai bossé à fond sur moi. Si je voulais revenir vers de l'écriture purement créative, il me fallait me détacher de toutes ces idées reçues que je rattachais à l'écriture, à la productivité, au NaNoWriMo. Je n'étais même pas sûre d'être capable de revenir dans un groupe d'écriture communautaire, encore moins d'en créer un (sous forme de serveur Discord). Et pourtant... C'est arrivé. Je me suis reconnectée à l'écriture, je me suis reconnectée à mes personnages. J'ai arrêté de traquer les moindres de mes failles, de me répéter que je n'écrivais pas bien, que mes histoires ne valaient rien. J'ai fait la paix avec tout ça. J'ai accepté qu'un premier jet (ou du moins, les miens) n'est pas parfait mais il a toute sa vie post-rédaction pour être ajusté de la meilleure façon qui soit à mes yeux. Compter ses mots Compter ses mots peut rapprocher autant que diviser Vous serez tenté⋅e⋅s de vous demander quel est le rapport entre le fait de compter ses mots et celui de s'entourer d'autres auteur⋅ice⋅s. Ce constat a été réalisé par rapport à mon expérience personnelle (et de ce que je peux observer sur les réseaux sociaux) : lorsqu'on compte nos mots, cela offre de la matière à poster sur les réseaux sociaux. On annonce nos chiffres, on poste des extraits ou parfois on rejoint des communautés qui partagent ces mêmes valeurs de productivité. Cela peut motiver un⋅e auteur⋅ic⋅e de se retrouver entouré⋅e, lors d'un NaNoWriMo ou non. En ce qui me concerne, je remarque que je suis toujours plus active dans les communautés d'écriture lorsque je compte mes mots, parce que j'éprouve le besoin de partager et de motiver en retour. Ceci dit, il y a plusieurs écoles, et l'effet négatif peut aussi avoir lieu : plutôt que motiver, vous pourriez aussi décourager l'autre en lui partageant votre comptage de mots. Vous n'en êtes pas responsable. Si cette personne n'a pas fait la paix avec elle-même, vous ne pouvez pas le faire à sa place. Toutefois, il est important de souligner tant les aspects positifs que négatifs de la pratique pour une réflexion nuancée au possible. Tant que vous êtes en paix avec vous-même et votre rapport à l'écriture, vous ne devez rien à personne. Encore moins aux personnes qui vous rejettent parce que vous aimez afficher les mots de votre session du jour. Chaque auteur⋅ic⋅e emploie ses propres méthodes, et tant que ces méthodes fonctionnent, c'est tout ce qui devrait compter. J'ai pris la décision de compter mes mots... mais pas tout le temps ! Le meilleur moyen de me réconcilier avec mon rapport à l'écriture et le comptage de mots a été de m'en éloigner dans un premier temps puis d'y revenir petit à petit Quand on prend du recul, c'est plus facile de voir ce qui nous convient et ce qui ne nous convient pas. Et surtout, chaque décision doit venir de soi et être raccord avec ses propres valeurs. Sinon... bah ça marche pas, en fait ! ---------------------------------------------------------------------------------------------------------- Quelques tips qui ont marché sur moi :
---------------------------------------------------------------------------------------------------------- Après, surtout, il m'a été impératif de ne pas forcer et de sentir ce NaNoWriMo avant de plonger dedans. J'essaie. Et c'est pas grave si j'échoue, car ce n'est finalement pas un vrai échec. Prenez le temps de déconstruire le concept de l'échec. Voyez tout ce que vos erreurs vous ont appris de merveilleux, remarquez comment vous avez évolué quand on vous a souligné des fautes dans votre manuscrit plutôt que quand on vous félicité pour votre incroyable talent d'écriture. Regardez comme on grandit quand on se casse la gueule parce qu'on apprend, parce qu'on ne m'y reprendra plus. Attention : je ne dis pas de vous focaliser sur le négatif mais d'embrasser cet aspect autant que le positif, d'accepter qu'il existe pour vous transmettre un message que le positif ne pourrait pas exprimer de la même façon MAIS les deux ont leur importance et doivent co-exister. Comme le dit si bien Caterina sur son post Instagram, l'objectif du NaNoWriMo n'est pas d'écrire 50.000 mots, même si le site officiel lui-même le prône. Le réel objectif est de se trouver parmi tout ça, de trouver sa propre voie du milieu dans laquelle avancer vers son but en toute sérénité. Si votre but est :
BAH C'EST OKAY EN FAIT. Et personne, je dis bien PERSONNE, n'a le droit de remettre vos réussites et vos échecs en question, à part vous, surtout si vous l'estimez nécessaire. Maintenant, que vous participiez au NaNoWriMo ou non, que vous comptiez vos mots ou non, je vous souhaite de faire ce que vous kiffez et de kiffer ce que vous faites. Kiss sur vos fesses !
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